RESSENTIR SANS PARTAGER EST TRISTE ET INUTILE!
"Le suicide apparaît souvent corrélé avec un autre phénomène majeur de notre société : l'alcoolisme, sans que pour autant on puisse
en conclure que l'un soit la cause de l'autre ou inversement. Aujourd'hui, cette tendance semble moins probante, mais la corrélation
est étroite avec le chômage, la précarité, la pression professionnelle et le relâchement des liens familiaux et sociaux.
On peut un jour être tenté par la mort, face à des difficultés qui nous dépassent.
"On se suicide parce qu'il est quelquefois plus difficile de vivre que de mourir, parce qu'une immense détresse intérieure trouve son issue dans la fuite d'un environnement devenu intolérable."
Le suicide reste, à bien des égards et dans tous les milieux, un sujet tabou dans notre société. Mais il est intéressant de constater que, d'après l'enquête de la SOFRES sur les français et le suicide, 70% de la population et 90% des adolescents souhaitent que l'on parle du suicide.
Ce désir de parole incite à penser que prévenir le suicide est possible, d'autant plus que près des 3/4 des suicidants ont montré des signes d'alerte plus ou moins perceptibles. Ces signes sont autant d'indicateurs de tentatives de suicide potentielles. Savoir les reconnaître peut aider à sauver des vies.
Le suicide est un problème majeur de santé publique, révélateur du mal être social. Depuis 1999, un plan national de prévention du suicide a été lancé par Bernard Kouchner, alors Ministre de la Santé. Onze Observatoires Régionaux de la Santé (ORS) ont lancé un plan de prévention. La mobilisation des pouvoirs publics, des professionnels et des bénévoles semblent commencer à porter leurs fruits puisque l’on constate une baisse des décès par suicide. Cependant, la prévention du suicide reste le parent pauvre de la santé publique."
Source : suicide.ecoute.free (les stats n'ont pas été réactualisés depuis 2002...)
Selon l'OMS, la France est le troisième pays, derrière l'Ukraine et les Etats-Unis, où les dépressions liées au travail sont les plus nombreuses, souligne l'Union nationale des cliniques psychiatres privées (UNCPSY, 160 cliniques privées). Selon elle, «la prévention de la santé mentale au travail est encore balbutiante».
Constante augmentation dans toutes les CSP
«On a de plus en plus de patients en état d'épuisement professionnel, qui viennent consulter tardivement, pour des raisons d'anxiété par rapport à leur travail, d'angoisse de perdre leur emploi», souligne Olivier Drevon, médecin psychiatre et vice-président de l'UNCPSY. «Ils arrivent souvent après un passage à l'acte», qui peut être une tentative de suicide, ou un débordement du comportement, des violences, des conduites addictives (alcool, drogue, médicaments), explique-t-il. Ces cas sont «en augmentation», souligne-t-il, et touche toutes les catégories : cadres, mais aussi caissières, ingénieurs, chauffeurs de bus..
20Minutes.fr avec AFP, éditions du 28/04/2007 - 13h47
Michel Debout (Président de l'Union nationale pour la prévention du suicide): En ce qui concerne les morts par suicide, nous manquons de données épidémiologiques, parce qu'en France, jusqu'à maintenant, nous ne nous sommes pas donné les moyens, en termes d'études et de recherches, en termes d'observation du phénomène, de mieux connaître la réalité du suicide. C'est pourquoi nous n'avons aucune donné fiable concernant les gestes suicidiaires ou les morts par suicide des personnes sans domicile, bien qu'on puisse penser que la détresse sociale dans laquelle elles se trouvent puisse favoriser une réaction dépressive et un éventuel passage à l'acte. Il faut prendre en compte également que dans des situations de dérive personnelle et de désocialisation, le risque de mort par maladie intercurrente [maladie qui intervient pendant une autre], par addiction, notamment alcoolique, ou par les conditions de vie elles-mêmes, et notamment le froid, peut exposer ces personnes à la mort sans qu'elles aient la "nécessité" d'un passage à l'acte suicidaire.