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23 mars 2007 5 23 /03 /mars /2007 12:24
Qui n'est pas collectionneur de quelque chose?
 Et sur quoi sont fondées ces collections?


Moi, par exemple, je suis collectionneuse non seulement d'enquiquinements, mais aussi de recettes et de livres de cuisine. J'en ai tant, que je ne saurais vous dire combien et que je ne vais pas me mettre à  les compter tous. Ou alors, il faudrait que je laisse tomber mon blog pendant plusieurs jours...

Ca a commencé très jeune. Comme pour la majorité des collections, un vide à combler, sans doute : ma mère n'a jamais aimé faire la cuisine et se bornait aux basiques rapides, alors que j'entendais mes potes parler de plats mitonnés préférés, de gâteaux-maison et de confiture de grand-mère...

Une envie de famille nombreuse aussi, de devenir une "mama",
une vraie : solide silhouette échevelée, enveloppée dans un tablier à fleurs ou à carreaux. Comme cette grand-mère qui était la mienne,
mais que je n'ai pas vraiment connue. Une envie de devenir la sorcière bien-aimée d'une horde de joyeux bambins. Je me voyais déjà  gesticulant sur le seuil de cette grande cuisine imaginaire, à la table immense et aux fenêtres ouvertes sur un jardin riche et sauvage.
Du thym frais et des figuiers, un fouilli de persil, de sauge, de pâquerettes, de myosotis, de tournesols et de "mauvaises" herbes.
Une balançoire, un vieux banc et des vélos, "Qu'il va vraiment falloir penser à ranger, les gosses, parceque tonton Max a trébuché dessus la dernière fois qu'il est sorti dans le noir !"

Un âne chevelu aussi, une biquette, des chats et des chiens
à la pelle... Un cochon qui ne passera jamais à la casserole
et qui le sait.
Une porte grande ouverte pour des ribambelles de sincères vieux copains, regroupés, rigolards au coin du feu, ennivrés par l'odeur de la marmite et le goût de l'eau de vie faite maison.

J'avais donc une tonne de trucs à apprendre...

Enmitoufflée dans le silence, ennivrée des odeurs de poussière de bibliothèque, je rêvais d'authenticité rustique, engloutissant des piles de vieux classiques littéraires  (je me suis même éprise du Cid!), les ouvrages traitants de psychologie, et aussi les contes pour enfants de tout pays et de tout poil. J'étais, comme qui dirait, une enfant et une ado à la lecture et à la destinée sérieuses... Ou on aurait pu l'imaginer.

 Oui mais voilà... Je me défoulais aussi sur les stades, les gymnases et dans les vagues.
J'aimais les délires des Pogues, les saveurs d'embruns d'America,  les élans de Björk, de Tom Waits,  de Vian, de Sartre et de Prévert...
Je haïssais les romans d'amour et me laissais plus facilement aller à un bon bouquin de science fiction.

Et puis, je me serais damnée pour aller danser avec mes copines toutes les semaines... Quand il n'y avait pas les Fêtes de Bayonne
(Mais ça, c'est encore une autre histoire !... :-D)

J'aimais l'odeur de la résine et de la wax, et j'adorai les récits de mes copains, venus de si loin.

Pour les chiens et les chats, passe encore, mais pour le reste...
Déjà difficile de gérer cette incompatibilité de silhouette mamaesque dans sa tenue de combat et l'idée qu'on se faisait de ma personne. Et ces indulgents "videurs", qui me laissaient rentrer gratos, le samedi soir? Ces deux gentils gars, qui gratifiaient d'un large sourire et d'un clin d'oeil entendu? Comment auraient-il pris la chose? Et pensez un peu à mes copines... Ces joyeuses luronnes au regard vif, au rire clair et à la verve impitoyable. Je suis sûre qu'elles n'auraient pas aimé mes tabliers. Pire, elles auraient eu honte de moi !
Et comment, grand-diable, dans de telles conditions, s'occuper convenablement des cinq premiers-nés et du pot-au-feu, qui cuit pendant des heures?
(Sans parler du fait qu'il me fallait trouver un co-équipier sur mesure : un délicat croisement entre le Cid, François Bernier,  Prévert, Charles Ingalls et Mr. Bean... C'était pas gagné !)

Comble de malchance, mon "autre oeil" lorgnait avidement en direction de l'Australie... Et d'ailleurs... Mes choix de collection se tournaient obstinément vers des ouvrages de cuisine indienne, indonésienne, d'Europe du Nord ou d'Amérique latine...

Cette terrible soif de découvrir le monde !...
(Et cette abominable envie de courir quand je croisais un macho, abonné au "Chasseur français"...)


Alors, il a bien fallu composer : je suis partie et j'ai pris un chien.  Il n'a pratiquement jamais su ce qu'était "porter un collier" et mes lieux de voyages sont devenus notre jardin sauvage.  Un jardin de taille modeste, car ma chienne n'avait pas sa place dans une cage de soute d'avion ou dans une prison de quarantaine :
Mon jardin n'a donc pu s'agrandir que sans elle...
 
Dans le jardin de mes rêves, sont venus s'ajouter un bananier, du gingembre et la cardamone
(J'ai bien peur que la biquette et l'âne n'aient du mal à tout digérer).
Je sais comment concocter un bourguignon, des escargots et
de la confiture.  Et ma mère se demande toujours comment je
 fais pour fabriquer un plat, alors qu'elle n'a rien vu d'utile
 dans mon frigo.

Mais j'ai surtout appris que l'on découvre bien des richesses au sujet d'un peuple et de sa culture à travers sa cuisine.
Qu'un livre de cuisine est un voyage à travers l'espace,
les coutumes, les croyances et le temps.

Comme vous, tant bien que mal, j'ai continué à vivre mes contradictions : j'ai poursuivi ma collecte d'impressions, de savoir-faire et de saveurs.  J'ai empilé des casseroles, des fait-touts, des trucs et des machins pour dénoyauter des cerises ou confectionner des rubans en concombre.
Et j'ai même acheté un tablier ! :-)

Aaaah! Le démon de la collection :  géniteur de bien des plaisirs, précepteur de bien des connaissances.
Mais aussi père de difficultés de gestion d'espace.
Et d'un handicap de poids:
...à chaque déménagement...

Nos névroses sont décidemment bien lourdes à porter !

 
     
 

Et vous ?
Collectionnez-vous des trucs ?
Et avez-vous cherché à savoir POURQUOI ?
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commentaires

V
La manière dont tu gères la chose est parfaite. Règle numéro 1 ne pas embarasser le convive. Laissons la parole aux spécialistes.<br /> En fonction des auteurs, les consignes varient. Nadine de Rothschild dit ceci : si les invités ont apporté des chocolats, vous remercier discrètement pour ne pas gêner ceux qui sont venus les mains vides. S'il y a peu d'invités, vous défaites le paquet et vous en offrirez après le dîner. <br /> Hermine de Clermont-Tonnerre conseille d'arriver les mains vides lors d'une première visite mais d'apporter un présent dès la seconde invitation.  <br /> Jacques Gandouin précise : à moins d'être paticulièrment liés et à condition de l'avoir annoncé à l'avance, on évitera d'offrir des vituailles, ce qui pourrait faire croire qu'on a peur de ne pas manger à sa faim ou que l'on redoute de ne pas trouver de vins d'une qualité suffisante.  Encore faut-il que les convives lisent ce genre de manuel.<br /> Marlène de Wouters plus spécialisée dans les coutumes de notre pays dit la même chose. Elle ajoute la maîtresse de maison ouvrira directement l'emballage pour s'extasier, mais peut remettre le déballaage à plus tard. Là aussi, elle préconise de servir les chocolats avec le café. <br /> Tous sont d'accord pour dire que les fleurs doivent être livrées avant ou après avec un mot de remerciement. <br /> Bien entendu toutes ces règles s'assouplissent lors d'une réunion entre amis. Pour ma part, j'ouvre les douceurs, mais pas les vins. Je garde ces derniers pour un repas en famille, ou s'il s'agit d'un vin de garde, pour me petite cave.  Si c'est un amatteur, il trouvera à ma table de quoi se régaler.<br /> Lorsque je reçois, je retiens les compliments qui me sont faits sur tel met, sur le vin ou même sur le café. Si un jour j'ai un présent à faire à la personne je lui offre volontiers ce qu'elle a apprécié à notre table, mais pas nécessairement lors d'un invitation à dîner. <br /> En conclusion pour les vins, je dirais non, ni le soir même, ni la fois suivante.  <br /> De part la situation de notre habitation, nous recevons des visites imprévues mais bien sympathiques d'amis qui arrivent une bouteille à la main. Sans chichis, je fais comme toi, je sors les verres et on trinque !<br /> C'est juste mon avis bien entendu. Amicalement. Véro
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V
Moi aussi je collectionne pleins de trucs variés : les vêtements de coktail et de soirée de la poupée Barbie, les sables du monde entier, les livres de savoir vivre... drôle de liste, tu ne trouves pas ?<br /> Véro
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C
Et bien non, je ne trouve aucune collection bizarre. Et j'aurais du mal en ce qui te concerne: hormis pour les robes de Barbie, j'ai d'excellentes raisons de te comprendre! :-DTiens, si tu collectionnes les livres de savoir vivre, j'ai même une question, auquelle je n'ai jamais pu trouver de réponse définitive (je ne parle pas au niveau la logique de chacun, mais au niveau "réglementaire officiel" : que doit on ou ne pas doit on pas faire d'un consommable apporté par des convives (j'étais partie sur les vins)? J'aurais tendance à penser qu'il ne faut pas l'ouvrir, car il faut laisser reposer le vin. Mais ensuite? Le réserver pour la prochaine visite des convives qui l'on amené ou éviter, au contraire de leur présenter ce qu'ils ont, eux-même apporté?Et un petit présent emballé? A quel moment est t-il de bon ton de l'ouvrir? Immédiatement me semble "précipité". Alors, le mettre de côté et ensuite...?Existe t-il des règles exactes à ce sujet ? Je n'ai rien trouvé dans mes propres livres et ai même confié ma question à un forum sans obtenir de résultat concluant.Attention! Pour les autres lecteurs: habituée à ce genre de bouquins, Véro saura, je pense, ce que je cherche à savoir et pourquoi. N'allez pas imaginer que je fais des chichis avec la petite bouteille de rosé que mes potes amènent : il est mis au frais et on trouve toujours un moment dans la soirée pour  l'ouvrir! :-D)
M
bonjour Gum !  une grande page   de lecture  ce matin !   je ne suis pas collectionneuse  de livres de cuisine  et pourtant lorsque je compte ... ils se sont accumulés , en pure perte au fil des années ! par contre je  collectionne si on peut appeler ça des collections ... des dentelles , des rubans et des galons des chiffons des petits papiers ,  les livres ,  y compris les livres pour enfants . En bref , j\\\'accumule un tas de choses ,pas toutes trés utiles , mais je ne sais rien jeter ... tu as vu le résultat dans mon antre .... bon dimanche , bises à vous deux Mary  
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C
Hi! Hi! Hi! Si tu étais venue déclarer ici, le museau enfariné: "Ben non, moi, je ne collectionne rien", je serais tombée de ma chaise! :-DTu sais aussi que j'adore ta caverne d'Ali Baba! :-)Pour l'histoire de la collection de livres de cuisine en "pure perte", là par contre, je suis obligée de te contredire : aurais tu déjà oublié que j'ai goûté à tes plats????? Je crois que les collectionneurs de livres de cuisine sont un peu comme moi : je ne suis JAMAIS une recette (sauf si je veux faire quelque chose de bien particulier) , je m'inspire de tout ce que j'ai lu et vu. La majorité des livres de cuisine contiennent une foule de détails importants et au moins autant de manipulations ou d'ingrédients superflus!Bon dimanche, Mary!Gum
H
je suis collectionneuse non seulement d'enquiquinementsEchange 50 kilos  d'enquiquinements contre une minute de bonheur ;-)
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C
Ca roule ! :-)
U
Je collectionne les déboires amoureux lol  les galets, plume et toutes les choses que je ramène de mes ballades ;-))Pour le nom de mon blog, c'est le second Qu'OB à garder lors de la création de mon blog, il a rapport avec mon fidèle compagnon Urban et mon pseudo aussi :-)) Bonne soirée @ bientôt 1, 2, 3 soleil ...tu as bougé :D
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C
Même pô vrai! Regarde, j'ai toujours et encore le nez en l'air !!! :-)Galets,  plumes et menus trésors? Ca m'intéresse : on va pouvoir faire des échanges! :-D@ plus!