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21 août 2007 2 21 /08 /août /2007 21:36
Permettez moi de vous presenter quelqu'un que vous ne connaissez pas,
mais que vous apprendrez à connaitre. Si, si...Vous verrez ! :-)



Poèmes des temps modernes - II -

Plastique
 
Il m’a dit je fabrique
Des pièces en plastique
 
Des bavettes, des noyaux
Couvercles et capots
Des colliers et des coffres
Des poignées et des coques
En pagaille
 
Des boîtes et des cache-fond
Des axes et des boutons
Des cuves, des tiroirs
Des portes, des carenages
Des chassis
En série
 
Et des porte-gobelets
 
Il m’a dit
C’est pas facile
Pour plaire aux filles


Sans papiers
 
Me voilà sans papiers…
Mes doigts collent le poisson,
J’ai la gorge asséchée,
Et par chance un crayon.
 
J’ai le dénuement gai,
Libérée, anonyme,
Quelques sous pour manger…
Et ma main qui dessine
 
Ces vers au bord du Tage,
On m’a pris mes papiers,
Il me reste une page
Pour deux trois mots coucher.


Suivi de thèse
 
Il m’a dit c’est confus
Incohérent, touffus
 
Il m’a dit synthétise
Analyse, organise
 
Il m’a dit c’est trop long
Ca va pas, c’est pas bon
 
Mes mots glissent, il a dit,
C’est comme ça que je suis
 
J’aime les mots qui jouent
Qui dansent comme des fous
 
Tant de mots dans ma tête
Tous ces mots ça l’embête
 
Des mots qui font la fête
Tant de mots ça rend bête


Assistée
 
On tue des animaux pour que je puisse manger
La boulangère fabrique du pain pour mon dîner
On amène de l’essence pour que je puisse rouler
Certains payent des impôts pour que je sois payée
On scrute le ciel pour ne pas me mouiller
Des mains tissent du coton pour pouvoir m’habiller
Et des musiciens jouent rien que pour m’amuser
 
Quoi ?
Moi qui me rêvais libre!


Cigarette
 
Je fume ma vie
A grandes bouffées
De goudrons alanguis
Dans mes poumons gardés
 
Je fume mes peurs
Comme une maladie
Je ravale mes pleurs
Dans un souffle épanoui
 
Je fume ma peine
Dans une volute bleutée
De cendres aériennes
Au plafond envolées
 
Je fume mes rêves
Pour qu’ils partent en fumée
Dans une fumée brève
Comme le temps d'un regret 

Non sens
 
Tout droit dans la barrière,
Un homme est mort, hier,
Tandis que je riais
D’un clown qui dansait.
 
Que dire quand il n’y a plus de mots, plus de mots,
Et sa femme, cassée,
Ses enfants, abîmés,
Un avocat qui n’a
Cette fois pas filé droit.
 
Embouties, ses vacances,
Sur la route imbécile,
Encastrée, sa famille,
Effacée, leur enfance,
Pour un instant grogui,
L’évidence évanouie
Sur un poteau fauché
Et le sens aboli
Sur un panneau barré.
 
Que dire quand il n’y a plus de mots, plus de mots,
Coupée en deux, l’auto,
Cassée sur un poteau.
 
De lui je ne sais rien,
Mais je sais des parents
Qui pleurent un enfant
Comme nul être conscient,
Comme il n’y a plus de mots,
Toute cassée, l’auto,
C’est ainsi, c’est idiot,
C’est le sens impossible,
Oublié, inaudible,
C’est la douleur d’un père
Tout droit dans la barrière.


.
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commentaires

P
et pourquoi il n'y a que moi que l'on traite de patate ,je t'en foutrais moi, des patates !
Répondre
P
merci ma chère Kler,tu as le sens des mauxune sensibilité à fleur de peauun phrasé tranchantsur des mots percutants !au plaisir de t'avoir luePapaye :0010:
Répondre
C
Ben c'est pas chez moi qu'il faut écrire ça, patate ! :-D
M
Très touchée par tes poèmes, Kler
Répondre
C
Elle y met tout son coeur, je pense :-)Bisous Mariezanne!Gum
S
Ces poèmes sont percutants. Parler ainsi de la vie actuelle, ne laisse pas insensible.Je vais découvrir Kler de ce pas .Gros bisous
Répondre
C
C'est chouette! Kler est en goguette, en ce moment. Celà lui fera sûrement plaisir de trouver de nouvelles "têtes" chez elle en revenant! :-)
A
Salut Kler !J'ai lu tous tes poèmes publiés par Gum, je dois t'avouer que j'ai un peu de mal à accrocher sur certains mais je trouve ça bien d'arriver à les dévoiler aux yeux de tous. Pour moi, la poésie relève du domaine de l'intime, c'est de la sensibilité à l'état pur et moi je sais que j'aurai du mal à laisser transpirer qqch de si personnel me concernant (j'espère que tu me comprends !!). J'ai bien aimé "Cigarette".Et puis, c'est tellement bon d'arriver à se faire plaisir sur un truc qui ne rapporte ni ne coûte un centime. ATTENTION, un jour, il y aura une TVA là-dessus !!! Au secours !Pour ma part, je suis une inconditionnelle de "Souviens toi Barbara" de Prévert et j'aime bcp aussi "Demain dès l'aube" de Victor Hugo ; c'est à tomber ...Bonne continuation @ +ANSO
Répondre
C
Coucou Anso!Mais pourquoi que vous répondez à Kler dans ma hutte? La poetesse, c'est elle et je sens bien le truc: 'va falloir que je recopie tout pour lui envoyer! :-DTu m'étonnes avec "Barbara": je te verrais mieux en "Je suis comme je suis"! ;-)Bisous, Anso!gum